Plan de relance : frapper fort, juste et voir loin !

23/04/2020 - 3 min. de lecture

Plan de relance : frapper fort, juste et voir loin ! - Cercle K2

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François Perret, directeur général de Pacte PME depuis 2015 est, par ailleurs, fondateur du think tank Institut Anaxagore. Depuis février 2019, il est également ambassadeur à l’épargne salariale auprès du gouvernement

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Les contours du futur plan de relance se dessinent. Le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire l’a annoncé hier matin dans la presse, ce nouveau bouclier anti-crise devrait reposer sur quatre grands piliers : priorité absolue à l’investissement, mise en place de plans spécifiques pour les secteurs les plus touchés, soutien à la demande, enfin coordination européenne.

Le détail des mesures n’est à ce stade pas connu, mais on sait déjà que le programme de soutien à la reprise volera au secours des filières les plus exposées à la crise : automobile, aéronautique, tourisme (hôtels, restaurants, cafés), événementiel et activités culturelles.

Autre certitude à en croire le principal locataire de Bercy : il n’y aura pas d’augmentation d’impôts. Une bonne nouvelle -si elle devait être confirmée- tant pour les entreprises que pour les ménages, touchés de plein fouet par le double choc qui pèse – c’est la singularité de cette crise- à la fois sur « l’offre » et sur la « demande ».

Pas d’impôt nouveau, soit. Mais nos entreprises vont devoir, sauf si le prochain budget rectificatif devait en décider autrement, payer d’ici quelques semaines les charges fiscales et sociales de la période de confinement dont le report avait été décidé pendant la durée du confinement. Ce qui ne facilitera pas leur rebond, alors que la reprise d’activité s’annonce des plus progressives. Avec plusieurs économistes, je demande au gouvernement de passer d’une logique de report à une décision pure et simple d’annulation des charges sociales de mars et avril 2020.

Par ailleurs, pas d’impôt supplémentaire ne veut pas dire moins d’impôt. Or, les entreprises françaises ont toujours un énorme boulet fiscal au pied : les impôts de production, qui représentent à eux seuls 72 milliards d’euros par an. Un vrai handicap dans la compétition internationale. En octobre dernier, avec Denis Ferrand, directeur général de Rexecode, j’avais demandé dans une tribune signée dans le journal L’Opinion qu’on avance sur une trajectoire de réduction de cette singulière imposition…en prévision d’un éventuel retournement conjoncturel. Le prochain collectif budgétaire pour 2021 devra impérativement prendre des engagements sur ce sujet.

L’autre point de vigilance du plan de redressement – et présenté comme son troisième pilier - c’est le soutien à la demande. A juste titre, car une étude de l’OFCE rendue publique en début de semaine montre que sous l’effet du confinement, les Français auraient épargné jusqu’à 55 milliards d’euros. Un handicap pour la consommation qui se combine avec celui des baisses de revenus consécutives à la mise au chômage partiel d’environ 1 salarié sur 3 en France. Je propose qu’on baisse la TVA sur les produits de première nécessité, ce qui pourrait favoriser la reprise de la consommation pour un certain nombre de produits allant de la consommation alimentaire à l’automobile.

Bruno Le Maire a raison de le dire : l’Europe devra prendre toute sa place dans la relance de l’économie de notre continent. Un double arsenal monétaire (1 000 milliards d’euros apportés par la Banque Centrale Européenne) et budgétaire conséquent (accord des 27 il y a deux semaines sur une enveloppe de 540 milliards acquis difficilement) a déjà été déployé sous forme de mesures d’urgences.

Mais il faut aller beaucoup plus loin. Pour se faire, on sait que les chefs d’Etat européens débattent ce jeudi 23 avril de la création d’un fonds de relance à hauteur de 1 000 milliards d’euros destiné à la fois à la lutte contre le covid-19, mais aussi à financer et protéger les infrastructures industrielles européennes, ainsi qu’à investir dans la transition énergétique et les nouvelles technologies (5G, etc.). Je recommande qu’on veille à ce que pas 1 euro du futur plan de relance européen et hexagonal ne soit mobilisé si on n’a pas la certitude qu’il sera « environnement et climat compatible ».

Le plan de relance doit frapper fort. Mais il doit aussi frapper juste. Et, pour cela, voir loin. Les investissements à accomplir et qui seront prévus dans le premier pilier du plan devront être responsables et solidaires si l’on veut se mettre en capacité d’éviter qu’une crise sociale et une crise écologique ne viennent s’ajouter à l’effondrement économique que nous essayons d’enrayer.

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François PERRET

Le jeudi 23 avril 2020

23/04/2020

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