Le télétravail ou la nécessité de repenser l'espace professionnel

21/05/2021 - 3 min. de lecture

Le télétravail ou la nécessité de repenser l'espace professionnel - Cercle K2

Le Cercle K2 n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions émises dans les publications (écrites et vidéos) qui restent propres à leur auteur.

Victor Bouzard est Directeur Associé, CHRYSALEAD et Directeur Fondateur, NewAtWork.

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Vous connaissez bien ce sujet du télétravail. Pensez-vous que les entreprises soient mûres aujourd’hui pour ce type d’organisation ?

Je vais partager avec vous le résultat d’un sondage auprès de 20 dirigeants d’entreprises. Trois catégories ressortent :

  • ceux qui n’y croient pas /ceux qui ont une culture non compatible avec le télétravail ;
  • ceux qui refusent que certains soient en télétravail et certains sur site, surtout par peur de perdre le contrôle ;
  • ceux qui réalisent que le télétravail est possible mais sous conditions et qui envisagent même de l’élargir à d’autres profils post-Covid (RH, comptable) en posant un cadre défini. Cette catégorie représente aujourd’hui la majorité des entreprises. 

Tout dépend de la tâche que le collaborateur doit réaliser. Le télétravail n’est pas un droit. Il doit d’abord être au service de l’organisation. 

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur ces tâches éligibles au télétravail ?

Je vous invite à consulter les travaux d’Olivier Sibony, Professeur à HEC, qui a bien décrit cette notion de tâches télérobustes et tâches téléfragiles. Certaines tâches résistent au télétravail comme la lecture de documents ou le remplissage de fichier Excel. Certaines tâches, par contre, n’y résistent pas comme typiquement les réunions collaboratives ou les brainstormings. Dans ce cas-là, il est essentiel de se rendre au bureau. Il s’agit en fait de trouver le bon curseur pour prendre le meilleur du distanciel et le meilleur du présentiel.  

 

Cela ne va-t-il pas justement modifier le rapport à l’espace professionnel ?

Oui, tout à fait. Le projet s’incarne dans un lieu. Je ne vais plus au bureau mais dans un espace de vie professionnelle. Cela va changer la nature des espaces pour l’orienter vers des espaces dimensionnés pour des tâches téléfragiles (tâches collaboratives) et pour des espaces qu’on ne retrouve pas chez soi tels que les espaces de coworking, de détente, de relaxation ou d’apprentissage.

 

Quelles sont, selon vous, les axes de réflexion à mener pour les entreprises dans le futur ?

Il y a, pour moi, trois axes de travail pour les entreprises.

Le premier axe concerne l’organisation du travail :

  • Il faut définir les tâches téléfragiles et télérobustes en réalisant une cartographie des activités par métier et par équipe. Cette étape est essentielle pour que le télétravail soit au service de l’organisation et non l’inverse.
  • La posture du manager doit changer. Elle doit être basée sur la confiance. Se pose la question de la dynamique collective avec une équipe éclatée. Le temps d’équipe doit être qualitatif et centré sur la relation plutôt que sur du pilotage d’activités qui peut se faire à distance. Il faut créer les conditions de l’engagement et de la motivation des équipes. Beaucoup de managers sont perdus par rapport à cette nouvelle façon de travailler et doivent être accompagnés.
  • Les collaborateurs doivent aussi évoluer en gagnant en autonomie et responsabilité.
  • Il faut faire attention à la communication formelle et informelle en favorisant la rencontre quand les gens viennent sur leur lieu de travail.  

Le deuxième axe concerne l’espace de travail : il faudrait changer la nature des espaces en créant des espaces partagés, en favorisant le flex office avec des bureaux non attribués. Les espaces doivent être dynamiques et basés sur l’activité (concept d’Activity Based Working - ABW). Il faut favoriser la diversité d’espace et d’usage : je me déplace en fonction de mon objectif. Attention cependant à bien définir des règles de vie communes.  

Le troisième axe concerne les outils :

  • Développer les outils de travail à distance et les outils collaboratifs de travail permettant de co-construire des documents de travail. Il faut aussi s’assurer d’une bonne connectivité et de la mise à disposition d’outils nomades comme les casques.
  • Développer les outils de gestion du temps et d’espace : application sur smartphone pour déclarer où je suis et réserver les salles de réunions par typologie d’espace. On doit savoir qui est sur site et quand afin de favoriser l’agilité et la flexibilité dans l’usage de l’espace.  

 

Merci pour cet échange. Les entreprises ont de quoi faire pour les mois à venir !

Merci à vous.

Victor Bouzard

21/05/2021

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