La transparence de vengeance

14/07/2020 - 2 min. de lecture

La transparence de vengeance - Cercle K2

Le Cercle K2 n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions émises dans les publications (écrites et vidéos) qui restent propres à leur auteur.

René Villemure est Éthicien, Président-Fondateur d'Ethikos, Conférencier international.

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Transparence, transparence, tous veulent de la transparence…

Dans un monde où la confiance semble s’être mise aux abonnés absents, tous désirent de la transparence, croyant, souvent à raison, que ne rien cacher empêche les malversations ou les mensonges.

Certes, ne rien cacher empêche ou rend plus difficiles certaines malversations mais, osons ces questions:

  • La transparence est-elle la solution systématique à tous les problèmes éthiques?
  • De quelle transparence parle-t-on?

Poussons l’examen encore plus loin et allons au-delà des idées reçues : la transparence n’a-t-elle que des avantages? La transparence peut-elle être non-éthique? Y a-t-il des effets pervers à la transparence?

Comme les questions précédentes le laissent paraître, tout n’est pas nécessairement limpide au royaume de la transparence.

Avant de procéder, rappelons que la transparence est l’action de laisser passer la lumière, elle est une des manières de faire destinées à empêcher la manipulation ou le mensonge et, en conséquence, favoriser la confiance. Dans cette forme, la transparence doit être comprise comme étant un Bien, un des outils de l’éthique dont la finalité est la confiance.

Mais, comme c’est le cas pour tous les outils, la transparence peut aussi être utilisée à mauvais escient, elle peut même être utilisée à des fins contraires à celles de sa finalité naturelle, voire devenir un outil de manipulation en créant non pas de la confiance mais plutôt l’illusion de celle-ci.

Tout ne peut être montré en même temps

Même s’il est toujours question de lumière, la différence est importante entre laisser passer la lumière et diriger la lumière ailleurs afin de demeurer soi-même dans l’ombre. Cette seconde option ne servant qu’à nuire tout en servant l’intérêt personnel du projecteur de la lumière.

Comme c’est le cas pour tous les outils, la transparence a son côté lumineux qui vise à rendre justice et son côté sombre qui vise à manipuler afin d’empêcher de rendre justice; démontrant ainsi que l’on peut donc se servir d’un bon outil à de mauvaises fins.

De nos jours, et c’est malheureux, les exemples sont nombreux où la transparence ne sert que de leurre stratégique destiné à pallier une faiblesse argumentaire. On n’invoque la transparence que lorsqu’elle nous sert ou lorsqu’elle peut faire du tort à l’autre partie. « Si j’ai tort, je tenterai tout de même de démontrer que l’autre n’a pas raison ».

Pour que la transparence puisse atteindre sa finalité réelle et qu’elle ne soit pas qu’une illusion de confiance, il faut cesser de s’en servir à des fins non-éthiques ou à des fins de vengeance dont les bénéfices sont strictement personnels.

Si faire la lumière est un bien, attaquer son adversaire à coup de lumière est une faute.

La vengeance n’a jamais été garante de l’éthique.

René Villemure

14/07/2020

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